1 Ottobre 2014 17:33

Esclusiva: intervista a Michel Ocelot

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Michel Ocelot

L’art de séminer les histoires: une petite conversation avec Michel Ocelot

[Pubblichiamo una breve intervista al regista, animatore, scenografo, illustratore e scrittore Michel Ocelot, il quale ha accettato con grande disponibilità e cortesia di rispondere alle nostre domande sui suoi film, sul cinema di animazione e sulla sua concezione dell’essere Autore – prossimamente sul nostro blog sarà disponibile la traduzione in italiano]

AF: Avec la petite princesse de ‘Azur et Asmar‘, Chamsous Sabah, Vous avez creé, par mon opinion, le personnage féminin le plus forte et significatif des derniers dix ans du cinéma d’animation.

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Est-ce qu’on peut espérer de voir, un jour, un film ou une série dediée a cette regale gamine, au meme temps pragmatique et reveuse?

MO: Un journaliste américain a aussi écrit que la petite princesse méritait un film pour elle toute seule. Je pense également au calife Arun Al Rashid des Mille et une Nuits, qui se promenait la nuit dans sa ville, déguisé en simple marchand, pour savoir vraiment ce qui se passait. Oui, cela se prêterait bien à une série, moins bien à un long métrage, qui, me semble-t-il, demanderait une histoire d’amour, et une princesse qui grandit un peu pour un heureux dénouement avec son prince (ou son fellah). Mais cela deviendrait trop faux historiquement, le mariage deviendrait un emprisonnement encore plus dur que durant l’enfance. Et je ne pense pas qu’elle pourrait régner. Quant à la télévision, ce médium peut amener des problèmes de qualité, d’une part a cause de budgets insuffisants, d’autre part à cause de “lois” et d’interdits, et d’ingérence de personnes avec quelque pouvoir. De toute façon, aujourd’hui je dois m’occuper de Dilili, ma prochaine héroïne.

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La princesse Chamsous avec Azur et un chat … Zeneise?

AF: Si j’ai bien compris,Votre prochain film sera encore une conte féerique, cette fois au milieu de la ‘Belle Epoque‘, et dans la seule image que pour le moment nous pouvons admirer l’on voit une jeune fille d’origine africaine avec une jolie dame blanche et un beau garçon parmi les deux: entre les sujets que vous avez anticipé dans l’entrevue argentine, vous avez parlé aussi de violence sur les femmes, malheureusement un argument trés acutel, avec une secte qui, dans le film, vie dans l’ombre en soumettant ses femmes …

MO: Vous avez bien compris ! Le féerique sera déguisé en film d’époque à Paris. La fillette (on ne peut le deviner) est métisse, venant de Nouvelle Calédonie, l’adolescent est livreur en triporteur, la dame une grande Prima Donna d’opera.

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AF: Si l’on voit bien, beaucoup des personnages dans vos oeuvres ont subi des abuses par le monde masculin: dans ‘Les Trois Inventeurs’ c’est toute une famille à payer pour l’intolerance de la societé; Karabà est cruellement violé par un group d’hommes méchants et cette mauvais expérience est à l’origine de sa rage vindicative; Jénane reste seule avec son fils, chassé par son maitre (un homme plus obtus que méchant); meme Chamsous doit grandir en se gardant contre les conjures de sa propre famille, et la Fée de Djinns est prisonnière à cause d’un enchantement (comme parfois c’est l’amour, quand il est malade). Les trois derniéres sont sauvées par des hommes particuliers, qui n’ont pas peur de leur force et parlent avec elles sans prejudices: ils les regardent dans les yeux comme des pairs et savent respecter leur decisions, et c’est pour cela qu’ils gagnent l’amour de ces femmes etraordinaires. Sans rhétorique vous (de)montrez que le meilleur rapport entre le sexes est celui paritaire; moi, j’ai l’impression que le succés de films comme ‘Maleficent’ et ‘Frozen’, donnés pour symboles d’une nouvelle représentation des femmes plus fortes et indépendants, soit en realité une masque qui cache les vieux stéréotypes: quelle-est Votre opinion à propos?

MO: Un danger qui guette les femmes qui veulent sortir de leur position subalterne est de se limiter à singer les hommes (et en en faisant plus), plutôt qu’être elles-mêmes. Mais je ne les critique pas, elles s’activent et elles ont raison. Mes héroïnes sont tranquillement fortes, mais ne renoncent pas à des équipements traditionnels, comme les belles robes et les bijoux… Ai-je tort ou raison, je ne sais pas.

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Karaba et Kirikou

AF: Vous avez choisi et cherché assidument l’animation pendant tous votre parcours d’etudes: parce que’elle posséde un language particulier qui la rende universelle et capable de ‘parler’ aux autres arts et media?

MO: Je n’ai pas trop fait d’analyse. Je voyais surtout deux éléments : d’abord continuer à m’amuser, à dessiner, à bricoler de toutes le manières possibles. ensuite pouvoir jouir de tous les arts, tous les pays (y compris ceux qui n’existent pas), tous les sujets.

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AF: Danns votre liste de films, vous citez aussi l’italien Bruno Bozzetto et le maitre de l’animation russe Yuri Nornstein, dont le style expressif on peut rétrouver dans vos oeuvres; mais aussi le japonais Isao Takahata, à mon avis, pourrait faire partie du catalogue, car Votre façon de conter, traditionelle et moderne au meme temps, trouve beaucoup de similitudes avec le travail de Mr. Takahata. Confirmez-Vous cette idée ou non, et qu’an pensez-vous du dernier film de Mr. Takahata, ‘Le conte de la princesse Kaguya’, et du film ‘Le vent se lève’ du Maitre Hayao Miyazaki? Moi, je les considére deux parmi ces artistes-là que, selon Votre définition, réalisent des films ‘pour le plaisir de les faire’ et, comme Vous, offrent chaque fois un cadeau à leur publique.

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‘Kaguia-hime’ by Isao Takahata

MO: Ces deux grands auteurs de longs métrages, que j’admire, ne figurent pas dans ma liste, car je n’évoque que des courts métrages. Il va falloir que je fasse quelque chose !

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‘Song of the Sea’ by Tomm Moore

AF: Aimez-vous aussi le travail du studio Cartoon Saloon, auteur de ‘Secret of Kells’ et ‘Song of the Sea’?

MO: J’ai bien aimé “Secret of Kells”, tout en pensant qu’il n’y avait pas assez de présence humaine, de sentiment qu’on suive jusqu’au bout. J’attends avec impatience de découvrir “Song of the sea”.

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‘L’arte della felicità’ di Alessandro Rak

AF: Et que pensez-Vous du long métrage ‘L’arte della felicità’ de l’italien Studio MAD qui maintenant est finaliste aux European Awards? (et dont le DVD vient de sortir pendant ces jours)

MO: Je ne l’ai pas vu. Le titre m’intrigue…

AF: Il ya quelques d’autres auteurs d’animation qui Vous voudriez nous signaler? Merci.

Le film qui me vient à l’esprit est “Persepolis” de Marjane Satrapi, qui a toutes les qualités.

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AF: Avec le succés international de critique des films en animation ‘traditionnelle’ – comme les déjà-cités ‘Princesse Kaguya’, ‘Song of the Sea’, ou bien ‘L’arte della felicità’ – on a répris le débat sur la ‘renaissance’ du 2D, meme si cette tecnique a toujours continué à produire ses oeuvres dans tout le monde: Vous avez utilisé tous les deux, donc quelle ets Votre opinion sur ce dualisme, à mon avis un peu ‘artificieux’? Le digital pourrait jamais vitaliser un projet sans pas d’histoire ni ‘coeur’?

MO: Je ne sais pas trancher. Le dessin animé traditionnel est un long travail, souvent ennuyeux. L’animation informatique me semble noyée dans matériels, logiciels et calculs qu’une seule personne ne peut plus comprendre et maitriser seule, c’est lourd. J’ai un bon souvenir du papier découpé, auquel je reviendrai un jour. Chaque technique peut produire un bon film, pourvu qu’on ait histoire et sentiment …

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AF: Vous serez l’hote d’honneur à Mon Premier Festival de Paris, et Vous etes de retour du Festival Internacional de Cine Nueva Mirada para la Infancia y la Juventud en Argentine, qui presentait un programme riche, avec beaucoup de rencontres dediés aux protagonistes de l’animation international; en France, j’ai lu qu’il y a plusieurs politiques pour l’alphabetisation des écoliers au language cinématographique, et festivals come celui d’Annecy font toujours la joie des amants de l’animation … selon votre éxperience, le jeune publique va re-découvirir le gout de voir les films dans la salle du cinéma ou cette-ci reste une dimension trop ‘ancien’ pour une génération toujours ‘connexe’?

MO: Les écoliers français ont deux accès au cinéma : l’un à l’intérieur de leur établissement scolaire, parfois en “mettant la main à la pâte”, l’autre par des séances dans une vraie salle de cinéma, une chose qu’il faut connaître ! Trois associations, au moins, en accord avec le CNC, apportent programmes, logistique, lieux. A propos de salle de cinéma, j’ai participé, de loin, à un programme à Quito (Equateur), amenant le cinéma aux enfants des rues, depuis maintenant longtemps. Une insistance est faite : il s’agit de projection, pas d’écran télé, dans une salle —celle qu’on trouve— où on ne fait que ça, pendant la durée de la séance, toutes fenêtres obscurcies. Les enfants sont très sensibles à cette installation, cette obscurité, ce grand spectacle ensemble, où on ne pense qu’à ça.

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AF: Encore: vous avez dèjà expliqué, et je concorde, que voir des beaux film pendant l’enfance forme un ‘humus’ fertile dans l’ame et dans le coeur meme si l’on ne peut pas encore comprendre tout ce qui se passe sur l’écran, mais je voudrais Vous demander si le cinéma d’animation pourrait etre un pont vers la lecture. Exemple: quand je regarde un de vos films, puis je prouve le désire de rélire un livre de Marie-Aude Murail, pas pour le contenu mais bien pour l’atmosphère et la ‘ligne claire’ de la narration. Qu’en pensez-Vous?

MO: Je peux vous dire qu’avec mes films je sème des graines sans arrêt. Dans mes contes en silhouette, le prologue montre les trois amis se renseignant, principalement avec des ordinateurs, car cela va plus vite pour parvenir sans tarder à l’histoire elle-même, mais je m’applique à montrer aussi une bibliothèque, des livres, en parler. Je fais la même chose pour bien des activités humaines à travers le monde et l’histoire, je donne des informations, et aussi des envies, quand je réussis.

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AF: La censure: les pays anglophones et puritaines ont refusé de montrer les seins nus des femmes dans ‘Kiriku’, mais je crains que votre prochain subject pourrait susciter beaucoup plus de protestes dans tout le monde, et bien plus ‘trasversales’: un auteur devrait-il se poser des questions sur sa propre ‘acceptabletè’, ou doit seulement parcourir son propre chemin artistique?

OM: Un auteur doit faire ce qu’il ressent, et ne pas obéir (sauf quand l’idée lui parait bonne !). Ce n’est pas facile, il faut gagner sa vie. J’ai eu la chance de ne faire toute ma vie que les films que je voulais (avec de durs passages à vide).

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AF: Comme dans le ballet dans le final d”Azur et Asmar’, Vous montrez un gout scénographique trés pictorique et théatral: on dit souvent que celui des arts est un language trop compliqué pour etre compris par les jeunes, mais d’autre coté les jeunes aiment beacoup Vos films. Peut-etre que les experts de marketing, que maintenant semblent controler le marché du cinéma d’animation, n’aient pas toujours raison?

OM: Bien sûr qu’ils n’ont pas toujours raison ! On ne sait jamais avec certitude ce qui va marcher, ce qui va échouer. Les surprises sont continuelles. Et les enfants n’ont pas besoin de tout comprendre, ils ont besoin d’être intrigués et d’emmagasiner sans cesse pour l’avenir. Et ils ressentent la beauté.

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AF: Vous avez exprimé estime pour les oeuvres de Walt Disney et pour le films de John Lasseter, et aussi Votre opinion un peu critique sur les blockbusters produits par cette multinationale de l’animation; ensuite, Vous avez parlé des plusieurs versions ‘libres’ de votre biographie, fleuries sur les medias … Walt Disney, aprés sa morte, a été victime d’innombrables ‘légendes noires’ qui l’ont désormais transformé, dans un certain imaginaire, en une sorte de Luciphére qui avec la creation de son totem, Mickey Mouse, complotait pour conquérir le monde éntier, comme s’il pouvait vraiment prévoir que son petit studio deviendrait une multinationale … A Votre àvis, cette persécution est une normale predisposition de l’humanité à démolir ses héros, ou peut etre meme ces exagérations répresent une sorte de ‘conte féerique’, dont les protagonistes n’ont plus aucun lien avec la réalitè? Je veux dire: quand on est conteur, peut-on risquer de se transformer en object dans les contes du publique?

OM: Oui, il y a une tendance à démolir les héros, à se défouler sur des célébrités en oubliant que ce sont des humains comme nous. J’échappe à peu près à cela, il faut être plus célèbre. Mais je sens des agacements pointer, au sujet par exemple de tous mes films montré systématiquement dans les écoles, ce n’est pas bien de plaire et aux élèves et aux maitres …

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AF: Comme Mickey pour Disney, Kirikou a été le personnage que avec son succés Vous a permis de poursuivre en liberté votre production autoriale: Vous avez encore envie de parler de lui, ou dèsormais ce serait surtout une exigence ‘économique’?

MO: Parler de Kirikou, volontiers. Faire un autre film Kirikou, je ne le désire pas. Kirikou 2 et Kirikou 3 ne furent pas une exigence économique, pour moi, mais une exigence du public. On me l’a demandé avec une constance à laquelle je n’ai pas pu dire non, après des années de résistance.

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AF: J’ai lu dans votre interview avec Karina Micheletto pour Pagina 12 que vous avez rencontré des difficultès pour obtenir l’argent avec lequel réaliser ‘Dilili en Parìs’: vous avez pas pensé à une strategie de crowdfunding? Dans ce cas Vous pourriez aussi compter sur AfNews pour diffuser l’appel à la sponsorisation du film. Et, si Vous permetez, je connais beaucoup de personnes qui travailleraient à gratis pour vous aider à réaliser votre projet. Nous croyions que faire du bon cinéma c’est pas utile seulement pour les passionés de la septième art, mais pour le monde entier: pourtant, comptez toujours sur notre support.

MO: Merci, tout cela me touche ! Je vais examiner ce financement par le public. mais il faut de très grosses sommes. L’argent n’est pas encore trouvé, et des professionnels me disent qu’il n’est pas sûr que je puisse faire ce film un jour.

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“Ah! On rigole des difficultés!”

Mon opinion est que je le ferai…

M. O.

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(intervista pubblicata previa autorizzazione del concedente)

Nota del Gatto: E noi ribadiamo al progetto tutto l’appoggio di cui saremo capaci. Merci, Monsieur Ocelot … et à bientot!

[NdR: intervista di Eric Rittatore]

2 risposte a “Esclusiva: intervista a Michel Ocelot”

  1. Grande intervista Gatto. Complimenti vivissimi. Penso che alcune domande te le tenessi dentro da un bel po’ neh?
    Mi piacerebbe una serie sullo sceicco e quel poveraccio di visir che era costretto a seguirlo. Verrebbe fuori una cosa decisamente divertente.
    Michel Ocelot è davvero un grande, adoro il modo diretto con cui risponde, la sua visione dell’animazione e la sua fiducia nel riuscire. “Degli esperti mi hanno detto che non troverò i soldi per fare il film. La mia opinione è che lo farò”.
    Figurati se non ce la fa!
    Alla faccia di tutti quelli che pensano sia sconveniente!!!!

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