23 Gennaio 2017 09:30

“Sous tes doigts”: la memoria è una danza che (ri)unisce oltre il tempo, lo spazio e il dolore

Sous tes doigts” (Under Your fingers, lett.: Sotto le tue dita) è un cortometraggio in animazione del 2014, realizzato con un 2D digitale rotoscopico che richiama la consistenza e le sfumature della seta e degli acquerelli, ideato e diretto da Marie-Christine Courtès. Già finalista ai premi César nel 2016, è ora in lizza per le nomine finali agli Oscar di quest’anno, e per quanto ci riguarda saremmo lieti che ce la facesse, perché questo piccolo film, forte e delicato al contempo come le sue protagoniste, ci ha davvero conquistati. Incentrato sul legame che, malgrado il tempo, le vicissitudini e la distanza generazionale, riesce a instaurarsi tra tre generazioni di donne di origine franco-vietnamita (la travagliata storia del conflitto indocinese è un soggetto che l’Autrice ha affrontato con grande sensibilità e discrezione, dalla doppia prospettiva francese e asiatica, nelle sue opere documentaristiche precedenti, oltre che come inviata nei luoghi che furono scenario di tali dolorosi eventi.

Un paio di scarpe rosse… simbolo del legame di amore/odio tra la patria vietnamita e la Francia, affascinante e traditrice come il nonno della giovane protagonista…

Dolore che, come viene espresso mirabilmente nel film, non restò limitato alla guerra e alla diaspora che ne conseguì, ma fu portato in giro per il mondo da una generazione di persone sradicate e umiliate, le quali affrontarono in silenzio il loro calvario identitario ma che quella vergogna e quella sofferenza trasmisero inevitabilmente prima ai loro figli e quindi alle generazioni successive, che pur culturalmente sempre più lontane dalle proprie origini sentono scorrere nelle vene un rancore cui non sanno più dare un nome e che spesso esprimono in comportamenti ostili al contesto “ospite” in cui sono nate e cresciute.

Un film intimo e necessario, profondamente pudico nei confronti delle vite umane cui si ispira, ma al tempo stesso fermamente deciso  a sollevare  il velo d’oblio che per troppo tempo ha celato una vicenda umana, sociale e politica che ricorda molto quella istriana per quanto riguarda l’Italia.

Ringraziamo dunque di cuore la regista Marie-Christine Courtès, per avere acconsentito a rilasciarci questa piccola quanto “densa” intervista, che è stata condotta nella sua lingua madre.

Bon voyage!

(Le immagini tratte dal film sono di proprietà degli Autori).

Vous venez du journalisme et du documentaire: pourquoi la choix de Vous tourner vers l’animation?

J’ai travaillé il y a des années sur un projet de documentaire historique, un long-métrage, pour lequel je ne trouvais pas d’archives. J’ai donc imaginé des séquences en animation. Ce film ne s’est pas encore fait, mais le producteur avec qui je travaillais à l’époque m’avait suggéré d’écrire en parallèle un court-métrage d’animation pour me familiariser avec l’animation. C’est ainsi que j’ai écrit “Sous tes doigts”.

“The Red Turtle” di Michael Dudok de Wit.

Vous avez des modèles ou des sources d’inspiration dans le cinéma d’animation?

Je ne sais pas si ce sont des sources d’inspiration mais j’aime infiniment les films de Michael Dudok de Wit. Ses films me touchent tout particulièrement. J’aime la poésie et la délicatesse qui se dégagent aussi bien de ses courts-métrages que de “La Tortue rouge”, son long-métrage. Ses histoires sont d’une grande simplicité, d’une grande beauté, justement parce qu’il arrive à la fois dans ses dessins et dans ses scénarii, à ne garder que l’essentiel. Comme dans une sonate de Schubert ou un poème de Ryôkan.

Photo Laurent Weil.

L’histoire et les liaisons franco-Indochinoises ont été au centre de vos oeuvres: dans “Le Camp des Oubliés” vous avez découvert un monde qui était très proche mais qui restait quand meme invisible, c’est-à-dire le camp français de Sainte Livrade sur Lot, où fut réunie une grande partie des ressortissants d’Indochine après les accords de Genève sur le Vietnam signés en juillet 1954; dans Mille jours à Saigon“, inspiré du roman graphique “Une jolie petite guerre” de Marcelino Truong, Vous avez commencé un parcours de “réconciliation” entre l’âme française et celle vietnamienne. Maintenant, dans “Sous tes doigts” ces deux coeurs arrivent enfin à communiquer, même sans paroles: c’est la conclusion d’un chemin ou Vous parlerez encore de ces arguments?

Oui je m’intéresse beaucoup aux liens qui unissent Français et Vietnamiens, d’un côté les anciens colonisateurs, de l’autre, les anciens colonisés. Même si bien sûr ces relations très complexes ne peuvent pas réduire à une histoire coloniale commune déjà ancienne. Mais j’ai envie de montrer que ce qui se joue dans le présent peut avoir des racines conscientes ou inconscientes dans le passé. C’est vrai à l’échelle d’une personne comme d’une nation. Je crois que je n’en ai pas encore tout à fait terminé avec cette histoire. J’ai commencé cet été à écrire un scénario avec un ami réalisateur français d’origine vietnamienne qui aborde d’une autre manière la même question.

Les personnages de “Sous tes doigts” ont été caractérisés par Marcelino Truong, mais on doit la réussite graphique de l’oeuvre au travail de Ludivine Berthouloux: pourquoi avez-vous opté pour un choix si jeune pour la direction artistique?

Oui Marcelino Truong a dessiné les premiers personnages puis il a passé le relais à Ludivine Berthouloux qui travaillait depuis peu comme animatrice dans les studios de mon producteur, Jean-François Le Corre de Vivement Lundi, après ses études à l’école d’art Emile Cohl. J’ai tout de suite été impressionnée par la qualité de son travail. Je crois que nous sommes très complémentaires.

La danse c’est le vrai language avec lequel les trois générations de femmes arrivent enfin à se parler: moi, je l’ai trouvé très approprié (ma soeur est une danseuse et elle s’exprime mieux avec son corps qu’avec les mots), et je me suis demandé de quelle façon vous avez découvert ce moyen pour abattre le temps et l’espace.

Je voulais que le film soit sans dialogues car j’évoque un sujet tabou que les femmes dont je parle (ces Vietnamiennes qui ont eu des enfants avec des Français en Indochine et qui ont ensuite été abandonnées par leurs “maris”) n’ont jamais abordé elles-mêmes. Je ne pouvais pas mettre de mots sur cette histoire sans briser leur silence. Alors pour respecter leur discrétion, j’ai choisi de faire parler les corps. Et la danse s’est imposée comme possibilité de dialogue entre les personnages. Pour cela j’ai fait appel à un chorégraphe, Frank2louise qui a créé les parties dansées, les a fait interpréter par des danseuses que j’ai filmées. Ludivine a ensuite réinterprété ces chorégraphies à partir des vidéos.

Votre prochain projet sera un docu-fiction sur Andrée Viollis, journaliste et écrivaine, féministe et antifasciste, elle aussi exposant d’un “journalisme littéraire” dans lequel plusieurs femmes ont laissé des traces ineffaçables; il s’agit encore d’une oeuvre en animation? Pouvez-Vous nous en parler?

C’est encore à l’état de projet. Mais c’est une histoire qui me tient particulièrement à cœur, celle d’une femme extraordinaire, une pionnière, qui a eu une vraie notoriété dans les années 30 et que la mémoire collective a totalement oublié. Dans ce film je souhaite mêler archives et animation, une histoire personnelle avec la grande Histoire.

Andrée Viollis avec Jean-Paul Sartre.

“Documentaire animé” est un terme qui commence à se distinguer dans le vocabulaire du cinéma: selon Vos, quelles sont ses potentialités et son originalité?

Même si aujourd’hui ce genre connaît une grande popularité, notamment depuis le succès de “Valse avec Bashir“, il y a toujours eu une envie du cinéma d’animation d’interroger le réel. Pour moi il n’y a pas d’antagonisme entre documentaire et animation. L’animation peut permettre de pallier le manque d’archives dans certains films, de protéger l’identité de certains témoins, de restituer des souvenirs ou de recréer tout un univers mental, comme dans le magnifique film de Theo Ushev “Les journaux de Lipsett“.

Theo Ushev, “Les journaux de Lipsett”.

Je crois qu’avec ses qualités d’évocation, ses multiples possibilités artistiques et narratives l’animation appliquée au genre documentaire permet de rendre compte du réel avec une infinité de nuances.

Comme journaliste, votre opinion sur les moyens de communications dans la société actuelle?

Je ne me définis plus comme journaliste. J’ai été terriblement déçue par le journalisme télévisé que j’ai pratiqué pendant quelques années. Je garde cependant une grande admiration pour les journalistes d’investigation, en particulier ceux qui travaillent pour des media indépendants, comme Mediapart en France. Ils sont un contre-pouvoir indispensable dans nos sociétés dominées par la recherche du profit. J’aimerais croire au pouvoir des réseaux sociaux, mais c’est une question complexe. Ils peuvent aussi bien servir à contourner la propagande officielle qu’à propager des rumeurs infondées. Ils appartiennent pour l’essentiel à des grands groupes dont le but ultime est loin d’être le bien être de l’humanité. Il faudra également voir sur le long terme leur influence sur nos façons de vivre et sur nos relations avec autrui.

Sito web: https://www.underyourfingers.com/